Santé et non-exclusivités
Le système actuel de soins ne permet pas aux personnes vivant en dehors des normes amoureuses et sexuelles d'être prises en charge correctement (sans jugement).
VIOLENCESINTIMITÉAMOURQUEERTHÉRAPIESEXUALITÉSNON-EXCLUSIVITÉSTRAVAIL DU SEXE
Romane Faure-Mary
8/22/20254 min read
Santé & non-exclusivités
La non-exclusivité sexuelle et affective est une réalité comptable
Les libertins
Groupe FB « libertins lyonnais » : 1671 membres
Clubs libertins à Lyon : 15 clubs
Site libertin « wyylde » : 700 000 visiteurs par jour / 5 millions d’inscrits dans le monde (selon le site)
Site libertin « nouslibertin » : 2 millions d’inscrits en France (selon le site)
Les polyamoureux
Groupe FB « poly-lyon » :1058 membres
Groupe FB « new sexpo Lyon » :271 membres
Le travail du sexe
Les travailleur-euses du sexe
Sexe-modèle : 906 annonces d’escortes sur lyon / 1257 annonces d’escortes dans le rhône
Bar à hôtesse/à champagne : 10 bars
Salon de massage érotique (officiel) : 3 salons
Club de strip-tease : 5 clubs
Association communautaire : Cabiria (surchargée), Griffon (ouverture d’un nouveau pôle), Aides
> Le nid (qui n’est pas une association communautaire, mais de lutte contre la prostitution)
Les clients de TDS
LadyXena : Plus de 2 000 visiteurs simultanés sur le site (france)
https://fr.statista.com/statistiques/681372/parisiens-ayant-eu-rapport-sexuel-avec-une-prostituee-france/
40% des parisiens ont déjà vu une prostituée (11% « de temps en temps », 7% « régulièrement »)
Les « infidèles »
Hommes : 45% des H déclarent avoir été infidèle
Femmes : 37% des F déclarent avoir été infidèle
« Atlas mondial de la sexualité » 2020
Les enjeux de santé liés à la non-exclusivité sexuelle et/ou affective
Santé sexuelle
La non-exclusivité sexuelle et/ou amoureuse des personnes est très peu pris en considération à la fois par les politiques de santé publiques et à la fois par le corps psycho-médical. Et pourtant, à l’heure de campagne de prévention en santé sexuelle (Mpox, VIH, …) des publics dits « à risques » sont identifiés : « les HsH et les TDS ». Qu’en est-il des multipartenaires qui ne sont ni HsH ni TDS ? Les clients (réguliers) de TDS, les libertins actifs, etc … ne sont-ils pas eux aussi des publics « à risque » ? La non-exclusivité est considérée comme à la marge de la société hétérosexuelle (gay et TDS). L’hétérosexualité ne semble perçue qu’à l’aune de l’exclusivité sexuelle, c’est-à-dire également en dehors des « infidélités maritales » alors que nous les savons nombreuses.
Points essentiels
Multi partenariat = augmentation des risques d’IST et de grossesses non désirées
L’absence de campagne de prévention spécifique ne permet pas aux personnes non-exclusifs de s’informer et de s’éduquer sur leur santé sexuelle
Manque de formation du personnel médical freine l’élaboration de tests IST complet
Santé mentale
Tout comme c’est le cas pour l’ensemble des minorités, l’absence de reconnaissance voire la discrimination manifeste créent un isolement qui a de nombreuses conséquences. La non-exclusivité, quelle qu’en soit sa forme, est une réalité vécue par beaucoup de personnes ponctuellement ou durablement au cours de la vie sexuelle. Outre les enjeux infectiologiques, il y a aussi une forte stigmatisation de ses pratiques. Elles sont niées, in-imagimées, jugées ou parfois gardées volontairement secrètes par les individu-es. Le corps médico-social et psychologique n’est majoritairement pas formé à l’accueil de ces parcours, ce qui entraîne d’importantes répercussions sur la santé mentale des patients. Ils et elles se sentent rejeté-es, incompri-ses, perdu-es. Ce sont ces personnes que nous retrouvons de nombreuses fois dans notre association. Ils y cherchent un espace féministe et inclusif sur l’ensemble des modèles relationnels.
Les enjeux de santé mentale ne sont pas les mêmes pour les personnes libertines, polyamoureuses, TDS, clients ou infidèles, mais ce qui les rassemble c’est la pratique (courante ou non) du multi partenariat. La stigmatisation est accrue pour les femmes qui encours le double standard « prude ou putain », mais les hommes aussi traversent des sentiments inconfortables. Les clients de TDS se sentent souvent dans l’impossible d’en parler à leur entourage et les hommes polyamoureux oscillent entre des pratiques de désengagement qui atteignent leurs partenaires et une quête d’éthique relationnelle qui est sans cesse source de méfiance. Le travail émotionnel que suscite l’écart à une norme est, dans le cas d’une hétérosexualité, pris majoritairement en charge par les femmes. Ce travail de déconstruction et de « care » qu’il soit à l’échelle sociale, conjugale ou individuelle est source régulièrement de sentiments de désespoir et de colère. Néanmoins nous rencontrons de nombreuses personnes qui après avoir débuté des suivis thérapeutiques (psy, sexo) se retrouvent blessé-es et/ou déçues de la position du professionnel-les, expérience négative qui les isole davantage des parcours de soins et agrandie ce qui est parfois qualifié de détresse relationnelle.
Points essentiels
Défaut d’inclusivité médico-social et psychologique : jugement, manque de connaissance spécifiques et défaut d’accompagnement en santé sexuelle et mentale
Isolement : incompréhension & jugement de l’entourage, loi (TDS, famille biparentale), secret (TDS, infidélités)
Double stigmatisation pour les femmes (« prude ou putain »)
Tiraillement identitaire pour les hommes (incarner ou lutter contre une image de désengagement et de conquête viriliste)
Travail émotionnel (majoritairement pris en charge par les femmes)
Violences sexistes, sexuelles et conjugales qui ne sont pas amoindries dans un modèle pluri-partenaire. De plus l’isolement et la crainte de stigmatisation freinent les personnes dans leur témoignage et alerte. (sex parties, chemsex, bdsm, pression du groupe, club et anonymat ...)
Nouvelles injonctions à la sexploration et à la “pureté relationnelle”, qui poussent certain-es à repousser leurs limites au-delà de leurs capacités
Témoignages issus de nos accompagnements :
“J’avais l’impression de tourner en rond, et je ne savais pas comment avancer sur ma jalousie envers mes ‘métamours’. Je ne me voyais pas en parler avec ma psy, j’ai l’impression qu’elle n’aurait pas compris” (femme, 40 ans)
« J’ai besoin d’un espace où je peux aborder le travail du sexe, si j’en ai besoin. Avec mon psychiatre, je ne peux pas le faire, je crois que ça le choquerait alors je n’en parle pas.” (Non-binaire, 25 ans)
“Quand j’ai parlé de ma situation polyamoureuse à une conseillère conjugale et familiale, elle a été choquée et elle a insisté sur le fait qu’il ne fallait surtout pas que j’en parle à mes enfants, qu’on allait les traumatiser. Je suis sortie du rdv, encore plus mal qu’en y entrant, je ne me suis pas du tout senti écouté” (femme, 40 ans)
« Quand je parle du fait que je suis polyamoureux, mes amis et ma famille me disent que je suis irrespectueux envers mes copines, que c’est vraiment un truc sexiste un peu de casa nova… ils n’entendent pas le fait qu’elles aussi ont cette liberté. » (Homme, 30 ans)
BIBLIOGRAPHIE
Géographie des rencontres sexuelles : de l’espace social à l’insularité numérique : https://www.cairn.info/revue-la-geographie-2024-1-page-22.htm?contenu=article
Amour et sexualité dans l’œil du cartographe : https://www.cairn.info/revue-la-geographie-2024-1-page-18.htm
Le développement de nouvelles approches préventives en santé sexuelle : https://www.cairn.info/agir-en-sante-publique--9782810908523-page-125.htm?contenu=plan
Le genre de la souffrance amoureuse, Souffrances et résistances de femmes « maîtresses » d’hommes mariés : https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2015-1-page-123.htm?contenu=plan
Quand une femme aime plusieurs hommes : le taire ou le dire ? : https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2013-3-page-399.htm?contenu=plan
Atlas mondial des sexualités, 2020







